QUEL EST LE FOU ? LE MONDE OU MOI ? (E. Pottier)

Eugène Pottier

INTRODUCTION

«Les plus beaux chants sont des chants de revendication» soufflait Léo Ferré dans les seventies. Le compte est bon en matière de gueulante orchestrée : J’ai faim !, Le chômage, Quel est le fou ? etc, le champ lexical d'Eugène Pottier est semé de grains de colère sur lesquels bruisse un vent de révolte. Sa façon de brûler les vers est unique ; il manie les mots comme les idées, les formules claquent à tout bout de champ et ça chante directement. Et puis, entendre un poète du XIXe siècle dénoncer la paupérisation éclatante et l'enrichissement éhonté des classes dirigeantes, c'est un écho formidable de notre époque laborieuse. On se sent bien moins seul.

Tour à tour social, poétique, révolté ou simplement littéraire, Eugène Pottier décrit un monde qui ressemble comme deux gouttes de sang au nôtre. C'est une façon de rappeler qu'il y a toujours une révolution à faire quand le peuple souffre. Ça tombe bien, Pottier en a connu trois.

Alors, aujourd’hui que la chanson sociale est morte et enterrée, à l’heure du libéralisme triomphant et de l’abrutissement collectif, il me paraît urgent de redonner du sens à ce qui chante et de jeter les pleins feux sur l’œuvre de cet auteur oublié, sur celui dont un titre - l’Internationale ! - a fait le tour du monde, sur cet utopiste effréné qui taquina si joliment la muse rouge et noire pour tenter d’esquisser une société sans servitude et qui mourut dans la misère et l’oubli.Au delà du social et du combat, c'est aussi une idée de l'Homme qui se profile dans ses textes.

J’essaye de lui rendre hommage en mettant ses mots en musique : une guitare, une voix, trois accords et un harmonica.

A tout de suite.

Sébastien Ducret

La dédicace manuscrite d’Eugène Pottier sur le recueil de 1884 que je possède... c'est le seul ouvrage publié de son vivant, enfin deux ans avant sa mort.